il y a de gros trous. de gros trous de silence. il y a de gros trous que l'on enjambe sans cesse. de ces espèces de gros trous que l'on entend à peine. de ces trous invisibles énormes qui sont là à l'oreille quand même pour qui ne parle plus. de gros trous énormes gigantesques qui tiennent et soutiennent. ça fait comme de gros trous de silence dans la parl mâchée. de gros trous que la bouche ne sait plus dire depuis longtemps. de gros trous que la bouche restée ouverte ne sait plus que respirer en une tension lâchée de souffle. de ces trous qui sont là tellement là qu'on les dirait invisibles inaudibles inouïs. soutenant tout de leur troueur. bourrés à ras de silence. des trous complètement trous. des trous qui sous-tendent toute notre parl. notre taiseux. des trous. comme une nappe de trous sous notre parl. ce grand trou nappé sous la lang qui dépasse parfois dans les interstices de la lang. quand elle se tait. pour qui sait entendre. pour qui sait entendre les trous dépassent dans les interstices même quand la lang ne se tait pas. il y a dans ce silence des trous comme un silence de nappe. de couche. de flaque. un silence de trou. un silence de flaque à couvert sous la lang. à couvert sous la lang dans les trous pour qui sait entendre les trous de lang. la lang est sur un lit de trous. sur un lit de trous de silence. un lit de silence qui parfois déborde et devient alors un couvert de silence. la lang est sur un lit un couvert une flaque de silence.
il y a dans ce silence des trous comme des trous de musique blanche. et même pour qui ne parle plus il y a ce chant de nappe de silence. musique peut être enfer.