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  sommaire
 du seul s'enfoncer
 
tombée nuit _ nuit _ puis petit matin
noir puis pluie
mener continûment quelque chose pourquoi je n'y arrive souvent pas plus pourtant j'en ai des pensées des choses des trucs à dire j'en ai j'en ai même plein des pensées des trucs plein la tête toujours plein la tête des choses mais ça ne sort que quand une disons excitation vient est là présente depuis quelques jours une montée une inspiration disait-on autrefois quand cette chose monte vient déborde vraiment alors là ça sort vraiment mais sinon je ne couche rien comme je ne cherche rien à coucher peut-être que ça n'a finalement aucune importance que ça ne vienne pas pourtant pourtant ça m'embête ça de ne rien sortir ou plutôt ça m'emmerde vraiment quand ça fait plusieurs jours que rien n'est sorti
là ça faisait quelques jours comme ça j'avais quand même essayé quelques nouvelles formes et puis je ne sais pourquoi comment qu'est-ce qui a provoqué ça qu'est-ce qui m'a amené à ça mais j'ai commencé comme ça écrire continûment quelque chose pourquoi je n'y arrive souvent pas plus peut-être ou sûrement oui sans doute c'est par là que ça ne pouvait que commencer. par le début

commencer par le début c'est quoi c'est descendre. le doute c'est ça le doute c'est pas la paralysie c'est ce c'est quoi. est-ce descendre commencer ? c'est quoi c'est ça le doute se demander est-ce descendre pour commencer descendre en soi seul dans la maison de vagues bruits dans la cour c'est écouter le doute se poser la question essayer de voir
incapable de raconter quoi que ce soit en fait mais parler oui peut-être fallait-il par piger commencer par piger ça laisser venir
seul dans la maison de vagues bruits dans la cour quelques passages quelques personnes quelques personnes avec des cabas pour les courses sans doute ces cabas à roulettes toujours écossais pourquoi toujours quelques personnes sur le béton de ma cour encore tâché de pluie moi je suis dans ma cabane mon atelier ma petite chambre rideaux en partie tirés donnant sur la cour ma petite chambre toute pleine de bois parfait endroit pour s’attabler pour laisser venir laisser couler ouvrir les vannes alors commencer commencer oui peut-être est-ce juste ça laisser ouvrir laisser venir ouvrir les vannes laisser couler le bazar juste ça laisser lâcher relâcher
et donc est-ce déjà pour que quoi commencer que tu que quoi encore a je repousse encore ouais je repousse je tourne autour tourne autour du pot ouais commencer je je commencer par je oui peut-être toujours comme ça que ça commence par je par soi
fulgurance que je que tu que nous que commencer par eux toi moi commencer par les arbres commencer par ceux qui passent dans la cour avec leurs cabas leurs cabas quoi ben ouais écossais c’est toujours écossais un cabas à roulette oui commencer par je par toi ou par les arbres c’est kif-kif finalement c’est commencer qu’importe me suis rappelé aussi soudain que je n'est pas si personnel que ça que c'est un outil une convention un outil une convention qui a sa force certes sa force au-delà de la convention sa force échappée sa force qui échappe à vous à toi à moi à je échappe à tous que ce soit dit avec je ou pas que c'est la même chose que c'est finalement toujours la même chose on ne fait pas un tableau avec les yeux la vision du voisin de l'autre quand on l'écrit ce foutu je l’est déjà un autre toujours un autre toujours un autre on est toujours à côté de je toujours à côté la plaque toujours à essayer d'être dans je et peut-être peut-être en écrivant on y arrive un peu parfois si peu je même si on rentre un peu plus dans ce qui vous constitue dans ce qui vous habite dans ce qui est besoin pour soi mais déjà je dire je écrire je c'est déjà être à côté en dehors c'est déjà le mettre devant soi c'est déjà le regarder du dessus ou du dessous ou de côté ou de travers on s'en fout mais c'est déjà l'ex-crire le sortir le coucher le foutre là le poser le mettre devant le sortir je et à la fois y être y être dedans dedans s’y couler habiter s’y couler dans je

autour ce qu’il y a par la fenêtre quand je regarde lève le nez de ma planche de travail de mon travail à la table sous la lampe dans le halot jaune de la lampe rond velouté sur le bois la planche inclinée de bois cette plongée là sous la lampe dans le halot plongé coupé centré plongé et puis aussi tout connecté ouvert tout sentir au dehors tout tout à la fois là sous ma lampe penché et pourtant je je sens qu’ils passent dans la cour avec leur cabas à roulettes je sais qu’ils sortent dans la rue je le sais je le sens ils sortent là-bas ils vont même revenir dans un moment avec un poireau une baguette et deux – trois bricoles dépassant du cabas je sais c’est sûr c’est pas trop risqué ça de parier là-dessus ouais autour ce qu’il y a par la fenêtre et au-delà de ce qu’il y a par la fenêtre et au-delà que je sais que je sens au-delà la pluie qui a trempé le bitume taché qui a lessivé les feuilles qui a dû venir ou partir avec un front de nuages nuages gris blancs champignonnant sur paris ouais là sûrement oui tout au-delà que je sais que je sens là depuis sous ma lampe là à ma table au chaud attablé plongeant dedans dehors dedans dehors
j'ai passé toute la journée sur l'écran aujourd'hui mais c'est comme s'il me faut écrire encore non pas raconter mais parler de ça ça c'est tout ce qui se dépose autour tout ce qui est autour tout ce qui atteint tout ce qui est atteignable et tout autour le reste le reste tout
j'ai du mal à me poser aujourd'hui depuis deux trois jours même à vrai dire mais je sais que si j'écris que si j'insiste je finirais pas y arriver à poser à poser en écrivant
ce n'est pas toujours comme ça mais là ce soir je le sais
je le sais même depuis trois soirs
je sens que ça y est pas de champ on est libre on peut faire
des bâtons des empêchements qu'il faut faire voler en éclats la forme bien sûr mais elle vient après toujours après en second plan et puis quelque part on s'en fout vraiment de la forme elle se fait toute seule elle s'impose mais surtout l'énorme champ de ce que l'on peut dire énorme champ immense

dehors ma fenêtre le jour tombé que quelques formes noires au-delà du rond de ma lampe un arbre dehors le jour tombé

la mouche la mouche qui meurt sur le mur de duras dans sa maison dans son livre

oui
écrire continûment quelque chose pourquoi je n'y arrive souvent pas plus

écrire sans majuscules ponctuation pour taper vite pour aller à la vitesse de ce qui passe pour rentrer dedans rentrer dedans sans rien de l'écriture seule de l'énergie seule
seul dans la maison aussi pour écrire

seul tout seul avec ce texte éloigner les autres travaux de ce texte ce texte seul sur l'écran éloigner les bruits voir les amis oui mais seul seul tout autour seul dedans c'est-à-dire plein que lui et moi voilà qui sort sort lentement apparaît s'impose

quelques ombres d’arbres dehors l’air froid la pluie les gouttes sur les carreaux perles noires roulant glacées pluie maintenant arrivée avec la nuit ils sont rentrés avec leurs cabas ça y est ils font cuire la soupe de poireaux ça y est la nuit est arrivée la pluie frappe ça y est je mange à peine je continue continue
voir les amis oui faire les courses pour manger dormir de temps en temps mais sinon arrêter tout que lui ce chantier et moi que moi en train de le faire de l'écrire
voir des amis faire les courses mais dans un silence
juste les rumeurs de la cour le souffle de l'ordinateur lancinant à peine de la musique parfois rien souvent rien souvent mieux si rien même que le souffle de la machine puisse s'arrêter
la maison pue la clope j'écris
j'essaie de tomber dedans à chaque fois j'essaie de tomber dedans d'être dedans c'est-à-dire que quand ça me sort je suis dedans dedans vraiment
partant du centre plutôt qu'y allant
au début ça vient sans voix ça vient ça se fait ça sort ça se déroule sous vos yeux sans voix sans vous ça avance se déroule grignote les lignes infiniment ça commence là où le silence commence
ça vient on ne sait pas cela va ça vient on ne sait pas où cela vous emmène ça va c’est ça c’est tout
ça va au début sans voix et pourtant sans voix lancinant lancinant déjà au début lancinant inlassable sans voix définie au début et pourtant la sensation rare de de ne pas s'être trompé de beaucoup rare brève furtive ensuite attaquée par le doute parfois mais sur le coup au moment de l'émergence cette sensation cette certitude que venu de loin profond c'est venu s'échouer ici juste plein empli de sa position relative empli de sa relation au reste empli de tout ce qui est autour empli de tout ce qui est autour de vous au centre des forces au centre intimement

une mouche la même mouche est posée sur le bord de l'écran je la chasse elle revient toute la journée sur le bord elle se frotte les pattes des pattes d'encre des pattes de mouche

c'est quoi vivre
s'agiter vibrer frémir frotter ses petites pattes l'une contre l'autre ?

les voisins s'engueulent les voisins jouent du piano les voisins sont timides le voisin montre ses tableaux dans la cour pour qu'ils soient à la lumière du jour ceux qui travaillent ici passent à 9h puis à 13h reviennent à 14h s'en vont à 18-19h en petits groupes
cela fait maintenant cinq jours que je travaille sans m'arrêter quand je fais les courses la lessive vais au tabac ou boire un café je travaille je travaille tout le temps
je ne fais plus que ça
je suis dedans beaucoup je ne sais pas ça vient c'est presque monstrueux il se passe quelque chose.
ça se fait seul avec moi en vis-à-vis difficile à dire le pressentiment la sensation la parol la forme les mots se chargent

épuisé pour moi ça toujours été quelque part de la force est-ce étonnant épuisé sans pouvoir sans savoir sans s'arrêter épuisé c'est là que je me sens dans l'épuisement là dans l’épuisement que je sens aller jusqu’au bout là dans l’épuisement sourde l’eau noire ces deux sens là d’épuisement épuiser quelque chose sujet ou relation aller jusqu’au bout et dans le même temps ne plus pouvoir aller jusqu’au bout parce que épuisé
je dors cinq heures par je suis fatigué mais je ne suis pas fatigué je bosse
oui je bosse
je bosse des heures je ne sais plus faire que ça je bosse des heures le jour et la nuit la nuit sauf cinq heures je suis crevé
c'est ça qui fatigue
c'est ça qui fatigue et qui est en nous
c'est ça cette fatigue qui est en nous
c'est ça c'est cette fatigue qui est en nous qui est épuisant

on voit bien que je ne raconte toujours rien je parle et pourtant ça raconte quelque chose
de parler comme ça d'écrire ça raconte ça me raconte ça raconte la vie ça raconte ce qui est autour ça raconte ce qui se passe entre les choses entre les gens entre les choses et les gens

je suis sorti aujourd'hui quand même vers 21h
beaucoup de lumière dehors dans la rue après ma piaule soudain la rue la lumière électrique la pluie le noir luisant au sol la petite pluie fine tachant le sol le sol bitumé noir luisant je sors dedans dehors toujours dedansdehors je sors l’air la nuit le vent la pluie les feuilles rousses vertes collées au sol l’épicerie la place le garçon qui range ses tables empile ses chaises les terrasses vides les terrasses que l’on rentre les cafés allumés les cafés chauds les cafés fumant les cafés où il fait chaud les cafés où il fait bon rentrer les cafés et la pluie la petite pluie fine je marche je marche fait un tour très habituel remonte à gauche redescend à droite retrouve la ruelle les pavées les derniers étalages de poireaux éclairés par des ampoules nues les ampoules pendues aux parasols sortes de parasols rayés des marchés je descend le nez en l’air renifle les mains dans les poches col relevé je flâne marche c’est toujours un petit voyage ça le moindre petit déplacement la moindre petite marche un voyage après ces journées là concentré penché sous la lampe j’en suis encore tout plein
puis plus tard la nuit toujours douce j’ai continué plus tard la nuit le canal luisant noir bitume la nuit de vieux entrepôts béton gris jaune de grandes tours longues le lac du parc bordé de fausses pierres béton et les cygnes le lac noir luisant désuet

je suis sorti assez tard vers 21h je ne savais pas vers où allait mon livre je ne sais pas ce que je veux dire je ne veux rien dire je dis je dis c'est tout je ne sais pas ce qu'il va en sortir mais ce que je sais c'est qu'il se fait
c'est quand l'élan est là submerge que l'on peut dire que l'on ne sait pas
qu'on laisse faire

je suis sorti et j'étais encore tout plein de ça
continuer un livre faire un livre ça va où un livre
je marche marche et je pense à cela je suis tout plein tout plein là-dedans de choses qui bouillonnent sortent
dehors je suis encore dans ce silence je suis encore là-dedans occupé préoccupé je vois j'entends mais depuis ce silence les passants les gens les filles les voitures les terrasses

le vent est frais presque violent agréable la pluie a giclé une grosse pluie lourde et fraîche
le noir la rue la lumière électrique la flotte l’odeur de bitume tiède relevé par la pluie je ferme ma boucle je suis fatigué je n’ai plus très envie de continuer à marcher plus très envie je me dirige vers le bureau la piaule la chambre éclairée les fenêtres donnant rez-de-chaussée sur la cour où plus personne ne passe maintenant je suis le dernier bon dernier il doit être 5h du mat je vais me pencher encore un peu sous la lampe ou bien flâner encore flâner sous la lampe sans rien faire de bien concret mais ce temps là pas bien concret sans doute important aussi sans doute a-t-il son importance aussi dans la maturation même si on se verrait bien des fois un peu plus efficace tendu tendu vers je suis le dernier à éteindre ma petite fenêtre toute la cour est noire c’est tout il pleut encore



le matin ça commence c'est toujours accompagné de café de dizaines de cafés le matin avant toute chose c'est le carnet le café sinon je suis difficile difficile pour moi difficile pour les autres plusieurs heures des heures jusqu'à l'écœurement en début d'après-midi
ce qu'il y a c'est qu'il faut aussi souvent plusieurs heures pour l'atteindre ce silence quand il vient car il ne vient pas toujours le plus souvent je le cherche je l'espère j'essaie d'être disponible pour mais ça ne sert à rien d'être disponible pour il ne prévient pas il s'en fout de la disposition du moment c'est plutôt quand il tombe quand il vient quand il commence à se faire sentir qu'alors il faudrait arrêter tout tout le reste que maintenant alors j'arrêterais tout tout le reste que je ne ferais plus que ça et que je ferais d'autres choses que je me mettrais en écoute en disponibilité en disponibilité pour le laisser descendre que je me mettrais peu à peu au travail que je commencerais à taper car maintenant je tape
à la main ce n'est plus que pour certaines choses cahiers notes il m'a fallu longtemps pour véritablement tout arrêter pour ne faire que ça quand ça vient c'est assez récent même avant je l'ai toujours désiré ça d'arrêter toujours désiré mais je ne sais pas quelque chose encore m'en empêchait ou peut-être plus sûrement moi-même je m'en empêchais en me laissant me distraire en tournant autour en me distrayant moi-même les courses les mails les amis d'autres travaux

et puis le soleil qui glisse peu à peu sur le mur de l’immeuble d’en face et l’air frais léger et le soleil qui glisse sur la porte d’en face et la légère brume que je garde en tête et le soleil qui glisse sur le sol de ciment de la cour devant ma fenêtre et le café qui sent et les premières notes comme ça tôt le matin et le soleil qui touche la vitre et le soleil qui arrive sur mes doigts et les premières notes ainsi jusqu’à un premier coup de barre sauvage violent animal