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sommaire | ||
du seul s'enfoncer
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matin
soleil |
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je sais pas ça continue comme ça ça a continué comme ça je sors de temps en temps tant que ça tiendra ça ira ira là dans la rue là à marcher terrasse café terrasse passage devant comme toujours toutes ces personnes y'en a tellement regarder j'en regarde tellement le bruit est intense un infinissable mouvement un système des colonnes de déplacements de directions de sens de déplacements fourmis parler de la terrasse là se poser là arriver se dire pas mal ici et se poser le cul tirer chaise osier plastique et se poser là se poser là regarder regarder toujours souvent la petite table ronde en marbre est veinée la poudre du chocolat marque de quelques grains marrons noirs éclats de poudre granuleuse glissés sur le marbre blanc et sur la faïence blanche de la tasse la marque noire de café italien le ciel haut bas bleu uniforme le toit d'ardoises le biseau du toit d'ardoises les fenêtres dans le biseau du toit noir bleu huitre ça continue comme ça oh tout dire vraiment tout dire non là je regarde je suis assis je pense assis je pense à pas grand chose assis comme ça comme ça comme ça je reprends mes deux trois affaires sacoche coche je prend la direction la colonne déplacement le sens de déplacement je fonce dedans là dedans sans doute je disparais là dans la foule sans doute là au fond de la rue à l'angle là je disparais sans doute comme ça comme ça comme ça le pif en lair dans les rues encore à penser à ce foutu truc avec mon petit carnet dans la poche dans les rues à penser juste à penser comme ça pas grand chose pas grand chose mais quand même ce truc qui me trotte qui me trotte dans la tête à marcher sans savoir où le pif en lair et regarder regarder deux fleurs au rond-point au carrefour le square deux fleurs que je pique deux fleurs jaunes que je pique et mets dans ma poche au creux de ma main dans ma poche de petits pétales lobés cinq et pistils très fins minuscules toutes petites têtes d'épingles de pollen tige feuilles vertes claires comme après l'angle de la rue l'angle où j'ai disparu c'est rien vous ne me voyez plus on ne peut plus me voir la fleur dans la poche au creux de ma main pour ne pas l'abîmer l'offrir intacte c'est rien l'angle après après j'ai poussé un peu plus loin marché poussé plusieurs heures la fleur jusqu'à de petites ruelles des passages des impasses des passages pavés couverts comme comme ça j'ai trouvé une feuille marronnier peut-être sûrement je crois l'ai mis dans mon carnet bien à plat dans mon carnet ça fait joli elle va sécher ça le rend vivant ce carnet des objets de petites choses s'accumulent dedans des dessins des gribouillis des écritures des ratures s'accumulent dedans des couleurs des gros traits des petits des pages déchirées des pages pliées dedans un numéro sur chaque carnet numéro chiffre romain depuis depuis depuis oh des lustres des chiffres beaucoup de chiffres inscrits en noir sur les pages de garde après les mots le cahier et sur la tranche le chiffre aussi quand c'est possible assez large que la couverture est en papier que le stylo peut marquer allez encore deuxième café étrange ces journées où je marche et marche à la limite de l'ennui marche et m'assied de temps en temps au café terrasse regarde assiste participe regarde le temps passe je passe le temps et de temps en temps sortir le carnet le crayon noter dessiner remarquer découvrir noter mentionner affirmer écrire de gros points rouges parfois pour se rappeler ensuite rentrer dans l'ordi ces choses en face des points rouges des différences de graphies souvent d'un jour à l'autre des différences des différences aussi dans le sens d'utilisation de la page des différences dans l'utilisation et le placement du blanc autour de la graphie des graphies couchées parfois debouts parfois saccadées nerveuses plates appliquées et petites ou calmes posées dans le blanc autour dans le blanc dedans au milieu de l'écriture tout autour comme autour de la parole le silence dedans au milieu le silence rien avant que ça sorte tout autour le silence dedans le silence au milieu de la voix au milieu de la langue avant la parole je ressors la petite fleur jaune d'un jaune assez lumineux quoique le jaune soit toujours assez lumineux c'est un petit soleil dans le creux de ma main une tache de lumière dans l'il c'est une petite tache de soleil le silence au milieu de la langue c'est une petite tache de soleil sur la table m'éblouit complètement je ne peux regarder la page ébloui qu'en clignant fortement d'un il et encore c'est comme un four un concentré de lumière une blancheur de sel d'atacama me brûle les yeux brûle le soleil reflété tapant sur la table brûle la table la terrasse la lumière éblouissante de soudure voilà que je repars mes mots sur la table mes mots écrits sur la table que j'emporte avec moi mais que j'ai laissé là libres que j'ai laissés là qui se sont échappés qui se sont j'ai refermé avec soin le carnet et l'élastique du carnet je me fous que ces mots soient là inscrits noirs sur la petite page carrée du carnet je m'en fous ils s'agit surtout qu'ils s'échappent écrits pour séchapper écrits pour quils me laissent écrits pour ne plus avoir à les écrire écrits pour quils me foutent la paix écrits parce qu'ils fallaient qu'ils s'échappent morts si pas échappés si pas venus ainsi si pas montés ainsi libres légers pesants si pas filés ainsi d'un trait vers là-haut direct venus bruts échappés direct je remonte l'avenue de paname l'avenue de paname toujours c'est toujours l'avenue de paname directe vers le ciel c'est l'avenue du monde l'avenue du turbin sauvage de la ville toujours je remonterais toujours une avenue de paname sur lavenue un clochard bringuebalant de-ci de-là dangereusement d'un bord du trottoir à l'autre arrive devant moi il pleure à chaudes larmes comme un enfant parce que le premier peut-être depuis trois ou quatre jours je lui parle o deux mots juste il titube et c'est là que je vois ce flash ce jésus-christ de loques penché dans l'air pauvre pleurant et titubant dans la lumière dans sa position extatique auréolé les bras écartés penché comme pour s'appuyer sur l'air je le croise il disparaît un ange hagard dans un halot-flash de lumière et de crasse je l'abandonne petit de plus en plus petit sur le trottoir dans la rue j'ai ses yeux encore ses yeux me fixant de ses yeux perdus ses yeux dehors dedans sur les rues suivantes encore ces clochards rue morts tant de fois tant de fois morts x fois x fois x fois tous morts à jamais morts sans rien tous finis et bien morts comme le gribouillait rapide kerouac piéta infinie de la ville auréolée de crasse et de lumière extase alcoolique éternité crasse et poussière intouchables-apôtres-de-guenilles-piéta-absolue-cène-de-guenillés-miserere -urbaine ca continue continue oh continue encore je traverse le luxembourg toujours reposant là cet endroit-là chaises le soleil crache rebondit sur l'étang le sable blanc des allées je ne peux le soutenir de face j'adore j'adore ça quand il pète qu'il envoie violent qu'il vous brûle la cornée vous oblige à presque fermer les yeux les rayons les derniers horizontaux sauvages violents qui piquent qui passent rasants blancs percutants comme un arc à soudure ressortir traversé le parc continuer traverser tout paname entièrement des heures le boulevard qui descend quelques km à descendre aux trottoirs bondés bondés ça même ça jusqu'à la seine au fleuve je traverse à toute vitesse je marche à pas rapides à mon rythme comme pour me crever mais ce n'est pas pour ça c'est mon rythme marcher marcher des heures au-delà des 7-8 heures alors au-delà du second souffle un troisième au-delà un calme intense un calme au-delà du tendu vers au-delà de tout où tout est là calme tout autour en vous où tout est dépassé tout est passé dépassé au-delà au-delà enfin je marche comme ça des heures l'île le deuxième bras plus large plus lumineux rive quai bizarre ces journées où je marche et marche à la limite de marche |
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