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 du seul s'enfoncer
 
jour _ nuit
c'est là c'est arrivé
c’est là les choses sont arrivées ainsi comment sont arrivées les choses comment sont arrivées les choses comment arrivent les choses
c'est là c'est arrivé épuisé crevé exténué fatigué exténué
à peine la force à peine la force de manger de veiller de dormir à peine pour dormir trop fatigué pour dormir dépassé le seuil la fatigue
ça fait comme une faiblesse là quand je marche quand je travaille une faiblesse la corde sensible la corde à fond la corde fragile mélancolique la peur de la faiblesse du coup de faiblesse là crac dans la rue comme ça parce que trop fatigué parce que pas assez mangé parce que à bout que je n'ai pas ménagé mon corps que je savais qu'après toutes ces nuits de boulot fou il allait déguster il allait s'en prendre plein la gueule il allait ramer après toutes ces nuits
aucune idée quand j'ai commencé de ce qui allait arriver de ce qui arrivait de ce qui me tombait sur la tête j'ai bossé j'ai écris comme un taré plusieurs semaines ne dormant presque plus racontant ça aussi parlant racontant racontant ça en écrivant ça ça m'épuisant sachant que mon corps en prenait un sale coup qu'une intensité comme celle là allait marquer forcément cruellement le corps et le crâne et ça n'a pas manqué
dans les mois dans les jours aujourd’hui plusieurs semaines de crise et d'épuisement mental de souffrance de pensées épuisées qui s'entrechoquent qui peut-être doivent s'entrechoquer jusqu'à s'épuiser jusqu'à épuiser ces pensées
je le sais je l’ai choisi j'en ai pris le risque cette intensité et c'est mon corps et ma masse mentale qui ne manquent pas de déguster crûment

faiblesse donc toute faiblesse de tout le corps peur même de tomber crac là comme ça
je suis allé chercher loin je suis allé le faire chercher loin sans sommeil cannabis nuits de travail café fumée
les nuits courtes les nuits courtes reposent à peine stabilisent juste la fatigue du jour mais n'éclusent pas le flot des autres jours des autres nuits
il faudrait il faudrait il faudrait quoi
tout mon temps là là-dedans
plus de mouche plus de mouche aujourd’hui plus jamais peut-être même
écrire quoi je ne sais pas je ne sais jamais ce que je vais écrire avant
ne plus parler de l’écriture ne plus parler sur l’écriture ne plus parler autour de l’écriture parler dans l’écriture parler
parfois je ne sais plus ce que je veux dire mais je ne veux rien dire je veux juste dire alors c’est normal que je ne sache pas oui tiens c’est peut-être normal finalement



vieux habits sales
la transpiration et le feu
vieux habits sales puants la transpiration et le feu la cigarette le charbon le vieux bureau le bois lustré brut je vais prendre l’apéro sortir
dehors
ça passe devant la fenêtre les déménageurs de piano qui font descendre le piano par la fenêtre la jeune pianiste stressée au bord des larmes le coursier le scooter du coursier mon voisin faiseur de tableaux et de textes mon voisin inhibé qui nous interdit de jouer au ballon qui n’avait pas le droit de jouer au ballon gamin ma voisine halzeimer qui crie la nuit et appelle mon voisin un peu taré qui vit avec elle et la brutalise mes voisines japonaises timides et ne parlant pas ma langue mon voisin que j’ai en cours mon voisin très vieux qui arrose mes fleurs sur la fenêtre et parfois arrose dedans dans la pièce sans faire attention ma voisine socialiste ma voisine un peu pépette et un peu photographe mon voisin d’un an et demi qui rentre dans la maison quand c’est ouvert mon boulanger mon buraliste un peu ours mon buraliste écolo mon voisin complexé mon voisin qui écoute la musique fort de la musique que je n’aime pas beaucoup ma voisine qui invite toujours plein de gens le dimanche et qui chantent de vieilles chansons parisiennes et l’internationale ma voisine qui a des gros seins ma voisine qui a des petits seins et des grosses fesses ma voisine qui est très bien roulée mon voisin japonais qui fait du cinéma et dont la femme j’ai bien l’impression le trompe mes deux p’tits voisins qui s’aménagent leur petit appartement de couple de jeunes mariés biens comme il faut franck mon voisin un peu plus loin qui est un ami depuis 15 ans et qui est mon voisin un peu plus loin depuis 2 ans mes voisines un peu plus loin qui sont mes filles ma voisine un peu plus loin qui est mon amoureuse ma fleur ma douce mon autre voisine qui a été un amour un temps qui a été un ancien amour mes voisins qui habitent à l’autre bout de paris qui habitent tout autour tous mes voisins mes voisins de métro mes voisins de travail mes voisins de bus mes voisins de file d’attente mes voisins de trottoirs mes voisins de compartiment mes voisins de terrasse de café mes voisins de restaurant mes voisins de goûts et de pensées mes voisins mon voisin un peu plus loin thibault que je connais aussi depuis 15 ans que j’aime aussi depuis 15 ans mes voisins de rien de rien du tout de rien du tout du tout mes voisins qui ont des sales gosses mes voisins qui sont partis qui ont déménagés mes voisins qui étaient là dans l’appart dans la maison avant moi qui étaient avant ceux qui étaient là qui étaient là avant ceux qui étaient là étaient là là avant avant avant ceux qui dans ma maison étaient là avant après ceux qui ont construit la maison après ceux qui ont taillés les poutres qui ont servies à la maison après ceux qui ont récupérés les poutres dans un couvent pour construire après cette maison après celui qui dans les poutres a gravé la date 1476 et son nom son poinçon après celui qui a forgé son poinçon après celle qui a mis le jour à celui qui a forgé le poinçon après celui qui lui a appris à forger le poinçon
et moi je viens tout après et après moi il y aura celui qui a été après celui qui était toujours devant son ordinateur devant sa table son bureau devant sa fenêtre devant le ciel devant paris devant son travail devant ses responsabilités devant ses envies ses fantasmes devant ses contradictions devant sa volonté devant sa nécessité sa noyade devant son clavier au milieu de ses bouquins au milieu de ses amis au milieu de ses voisins devant son écran devant la mouche posée sur l’écran devant vous derrière vous avant vous après vous
à travers vous devant vous tous devant tout à travers tout au milieu de tout vu par vous devant vous comme ça
au milieu de ses yeux vus par vous au milieu vus par ses yeux
au milieu tout ce qui passe par mes yeux de tout ce qui se passe derrière mes yeux de tout ce qui se passe devant mes yeux
de mes yeux tout le reste imaginé vu impossible autrement
il suffit de regarder
écrire il suffit de regarder
la voiture qui rentre dans la cour la voiture qui manœuvre la voiture qui recule on pourrait tout dire on pourrait commencer là à tout dire à reprendre toutes les voix qui ont été dites on pourrait

je suis encore bien fatigué exténué mais c’est peut-être pas étonnant finalement c’est qu’il m’en passe dans la tête c’est que
ai encore dormi tout juste 5 heures ai encore travaillé toute la nuit je sais plus je perds la tête enfoui je ne retrouve plus rien chaotique commun

ce que j’écris c’est de la matière commune c’est rien c’est pas travaillé ça court à la vitesse de la vie ça va avec elle ça arrive comme elle ça tombe ça se pointe comme elle c’est tout aussi simple et tout aussi incompréhensible tout aussi banal et précaire tout aussi plat et tout aussi surprenant c’est quoi c’est rien
c’est de la matière commune
c’est écrit avec ça c’est écrit avec elle la vie c’est la vie banale complètement c’est pas fait avec autre chose c’est agencé comme elle c’est pas agencé ça tombe comme ça même pas dirigé à peine dirigé par les désirs un peu à peine
c’est de la matière commune
c’est fait avec de la matière commune
de la matière commune imprévisible inattendue avec la même matière qui contient tout
je sais plus